Laurent Duvernay-Tardif de pair avec les infirmières auxiliaires
Un tracé gagnant pour la santé et les résidents !
Guylaine Lestage est infirmière auxiliaire depuis 33 ans. Depuis trois décennies, elle prend soin de ses résidents au CHSLD Gertrude-Lafrance en Montérégie comme s’ils étaient ses parents. Munie d’un bagage fort d’expériences, elle a l’habitude de faire l’orientation et l’accueil de ses nouveaux collègues. En pleine pandémie, son savoir a été mis à profit pour former un bon nombre d’intervenants (physiothérapeutes, médecins, etc.) venus en renfort à l’équipe soignante du CHSLD. Si la COVID-19 a eu son lot de surprises, l’infirmière auxiliaire était loin de se douter qu’elle ferait l’orientation du diplômé en médecine et footballeur Laurent Duvernay-Tardif.
par Annabelle Baillargeon, Directrice adjointe, Service des communications et des partenariats stratégiques |
Au printemps dernier, l’appel lancé pour venir soutenir le personnel en CHSLD a été entendu par Laurent Duvernay-Tardif. Rapidement, ce dernier s’est porté volontaire pour apporter sa contribution, tout comme plusieurs milliers de personnes, comme il tient à le rappeler.
« Quand la crise a commencé, mes projets ont tous été annulés, se remémore-t-il. J’ai réalisé peu à peu comment j’étais chanceux et j’ai réfléchi pour voir comment je pouvais aider. Au départ, c’était de relayer les points clés pour les mesures sanitaires en vigueur, puis la situation dans les CHSLD s’est présentée. »
N’ayant pas eu l’occasion de travailler spécifiquement en CHSLD auparavant, l’expérience s’est révélée fort instructive pour le diplômé de la Faculté de médecine de l’Université McGill. Guidé par ses nouvelles collègues, il a découvert les soins sous un nouvel angle.
(Sur la photo : Laurent Duvernay-Tardif et sa mentore, Guylaine Lestage)
« Le CHSLD, c’est un milieu de vie, lance-t-il. Tu ne peux pas traiter ton patient dans l’objectif qu’il retourne chez lui, tu dois lui offrir du confort et de la dignité. Dans le contexte de la COVID-19, il était encore plus nécessaire d’interagir avec les patients, puisqu’on était leur seul contact dans la journée. J’ai appris bien plus avec Guylaine que le simple rôle et les responsabilités de l’infirmière auxiliaire. Elle m’a appris que la qualité des soins passe par ces interactions et de petits gestes pour soigner l’humain dans son ensemble. »
« On apprend en médecine qu’un patient dysphagique doit par exemple prendre sa médication écrasée. On sait que ça goûte mauvais, mais si on peut l’intégrer dans le pouding au chocolat dont le patient raffole, on offre des soins plus humains. En travaillant avec ces soignantes, elles m’ont montré comment prendre soin d’un autre être humain », renchérit Laurent Duvernay-Tardif.
En mode apprentissage
En toute humilité, le footballeur admet être arrivé en CHSLD avec comme principal objectif d’apprendre et surtout d’éviter d’être un fardeau.
« L’orientation a pris deux ou trois jours, ensuite il savait où il s’en allait. Ça l’a été enrichissant autant pour l’un que pour l’autre, je crois », retient pour sa part Guylaine Lestage de ces deux mois de collaboration.
Rapidement, l’infirmière auxiliaire a pu enseigner les principales bases de leur routine, tant concernant le balancement des pharmacies, le protocole sanitaire ou la vérification des narcotiques pour ne nommer que ceux-ci.
Au quotidien, le duo faisait ensemble les prises de sang et les pansements. « On préparait et administrait la médication ensemble, ça nous permettait de voir plus de résidents », ajoute l’infirmière auxiliaire.
Laurent Duvernay-Tardif a aussi été amené à aider lors des repas. Ce moment de la journée demandait une charge supplémentaire, alors que les patients étaient tous confinés dans leur chambre. Quand la poussière retombait, il prenait soin d’aller voir les patients individuellement dans le but d’ajouter une présence supplémentaire à leur journée.
L’infirmière auxiliaire ne manque pas de souligner au passage le dévouement de son acolyte. « Il prenait le temps avec les résidents et les familles. Il a même organisé une rencontre Facetime avec des joueurs du Canadien et des résidents », se souvient-elle.
Reconnue publiquement
Cette collaboration a été également appréciée par le footballeur, qui n’a pas manqué de souligner sa reconnaissance envers sa mentore.
« Depuis le début de la crise, Guylaine Lestage fait non seulement son travail, mais elle forme aussi des personnes qui se portent volontaires pour aider. Comme beaucoup de ressources de notre unité ont été transférées dans d’autres centres où les cas sont plus nombreux, de nombreux travailleurs de notre étage n’étaient pas là il y a huit semaines.
C’est la joueuse d’équipe par excellence qui dirige sans rien demander en retour. La semaine dernière, nous avons eu une réunion de groupe où il a été annoncé que les vacances allaient être annulées pour le mois de mai. Même si elle était censée prendre des congés et que tout son emploi du temps avait maintenant changé, elle est retournée au travail et a distribué les médicaments du matin au patient suivant avec un grand sourire sur son visage », a écrit Laurent Duvernay-Tardif sur son compte Instagram.
Rapidement, cet hommage bien mérité a voyagé au sein des médias et a été partagé sur plusieurs plateformes.
« Laurent m’avait demandé de nous prendre en photo, mais je ne savais pas pourquoi. Les gens ont commencé à m’en parler, mais je ne comprenais pas trop. Je ne suis pas sur les réseaux sociaux, ce sont mes enfants qui m’ont montré ce qu’il avait écrit », plaisante Guylaine.
« Au début j’étais gênée, je ne suis pas habituée à avoir la lumière sur moi ! Mon entourage me disait d’être fière puisque c’est mérité comme je prends soin de mes résidents, qu’ils m’aiment et que je travaille bien », enchaîne-t-elle avec humilité.
« C’est dans des situations de crise que les personnalités ressortent. Guylaine, c’est la mère du Centre Gertrude-Lafrance. Tout le monde se dirige vers elle, elle est le point de référence et prend soin de l’humain à son meilleur », souligne son complice.
Interdisciplinarité et rôle essentiel
Les bons mots de Laurent Duvernay-Tardif ne concernent pas que sa mentore. La résilience de l’ensemble de l’équipe soignante avec qui il a collaboré l’a épaté. « C’est une réelle vocation, j’ai vu des gens éviter de prendre leur pause pour s’assurer que les patients mangent leur soupe chaude aux repas », nomme-t-il à titre d’exemple.
« On a souvent la conception hiérarchique du travail d’équipe. Pourtant, tu arrives et tu réalises que c’est plutôt horizontal. Ça nous permet de réaliser la valeur de l’information. L’information colligée par l’infirmière auxiliaire est essentielle pour poser le bon diagnostic », précise-t-il.
Si le footballeur souhaitait d’abord et avant tout apporter un répit aux équipes et faciliter la gestion des horaires pour permettre à ses collègues d’avoir des journées de congé, l’expérience lui a été grandement enrichissante. Il a d’ailleurs repris l’exercice cet automne, alors qu’il a troqué son gilet des Chiefs de Kansas City pour un ÉPI, rejoignant à nouveau les rangs de sa nouvelle équipe du Centre Gertrude-Lafrance.
Sur la photo : Laurent Duvernay-Tardif et ses nouvelles collègues