Pointer vers le Nord et repousser ses limites
Infirmier auxiliaire à Puvirnituk
Après plus de cinq ans à œuvrer dans le Grand Nord québécois, on peut dire que l’infirmier auxiliaire Sylvain Leblanc n’a pas froid aux yeux. De Sherbrooke à Puvirnituq, il œuvre désormais à titre de chef d’équipe au centre hospitalier de la région, où il est aussi responsable des soins de longue durée et premier répondant. Rencontre avec un infirmier auxiliaire passionné, dont la flamme pour la profession brûle vivement, en dépit des temps froids !
par Annabelle Baillargeon, Directrice adjointe, Service des communications et des partenariats stratégiques |
Infirmier auxiliaire depuis 30 ans, M. Leblanc a commencé sa carrière à l’ancien centre hospitalier Saint-Vincent-De-Paul de Sherbrooke. La réforme Rochon l’a conduit vers un poste au privé à l’infirmerie de la maison provinciale des Frères du Sacré Coeur, où il a travaillé pendant 18 ans. Son parcours l’a mené à nouveau dans le réseau pour travailler au CIUSSS de l’Estrie, auparavant nommé CHU de Sherbrooke. Après près de trois décennies dans la région, l’envie de changement s’est fait sentir.
« J’avais envie de briser la routine de ce que je connaissais et j’ai découvert qu’il y avait la possibilité de partir travailler dans le nord. Le tout collait à mes valeurs dans la dispense des soins alors j’ai entrepris les démarches », explique Sylvain Leblanc.
Une fois le processus d’embauche complété, l’infirmier auxiliaire et son épouse qui oeuvre pour sa part comme préposée aux bénéficiaires ont pris la route pour ce grand virage professionnel. C’est ainsi que le couple a entrepris cette nouvelle aventure, donnant ainsi un deuxième souffle à leur passion.
« À ce moment dans nos vies, c’est comme si les astres s’étaient alignés, se rappelle-t-il. Nous nous sommes lancés là-dedans sans trop savoir ce qui nous attendait. »
Faire partie de la famille
Cinq ans plus tard, le couple continue de s’épanouir dans son nouveau milieu professionnel. Pour assurer le succès de cette expérience, M. Leblanc reconnaît que l’adaptation est nécessaire à tous les niveaux.
« On arrive chez ces gens pour les aider, mais nos valeurs et nos moeurs peuvent varier. C’est important de gagner leur confiance et de garder en tête que nous sommes des accompagnateurs », indique-t-il.
De gauche à droite : Annie Kuananak, préposée en établissement nordique, Sylvain Leblanc, infirmier auxiliaire et Guylaine Marois, préposée aux bénéficiaires.
Pour arriver à s’intégrer au sein de ce nouveau milieu, les qualités humaines sont essentielles pour bâtir des liens de confiance avec la communauté. Le travail avec cette dernière et les préposés en établissements inuits, aussi appelés aaniasiurtiapik, est essentiel pour communiquer adéquatement avec les patients.
« On apprend les mots utiles pour communiquer dans notre travail, mais la collaboration avec les traducteurs est idéale pour renforcer nos relations humaines, insiste-t-il. C’est un lien important qui se développe avec un autre peuple doté de ses traditions. C’est extrêmement enrichissant de part et d’autre! »
« Pour travailler ici, il ne faut pas être motivé par l’argent, mais plutôt être animé par la mission et le désir d’aller chercher une expérience de vie. »
Si les températures arides peuvent en refroidir plus d’un, on remarque un bon roulement auprès des professionnels de la santé qui viennent offrir des soins dans le nord du Québec. Sylvain Leblanc se souvient avoir remarqué la surprise des Inuits lorsqu’il est revenu à Puvirnituq après son premier congé.
« Les gens ont appris à me connaître et ont compris que je resterais, constate l’infirmier auxiliaire. Maintenant, à mes retours de congés, je me sens comme si j'étais de retour à la maison ! Lorsque je marche dans la rue au village, les gens me saluent et m’envoient la main ! »
Responsabilités multiples
Au quotidien, l’infirmier auxiliaire collabore avec bien des résidents de Puvirnituq dans le cadre de son travail. À titre de chef d’équipe, il supervise une équipe d’une quinzaine de préposés aux bénéficiaires, pour lesquels il planifie les horaires. Plusieurs de ces postes sont occupés par des non-professionnels puisqu’il s’agit de tâches offertes localement.
Dans le cadre de ses fonctions, il prodigue des soins spécifiques, notamment l’installation de sondes et les soins de plaies. Il assure aussi un coup de main pour la levée du matin des patients et collabore aux soins d’hygiène. En tant que chef d’équipe pour les soins de longue durée, il soutient également ses collègues pour les soins aigus.
En plus de ses journées types, il appuie régulièrement l’équipe le matin ou le soir pour assurer un soutien en cas d’absence. « Je suis souvent de retour à l’hôpital le soir pour faire la tournée des médicaments et de la collation, ainsi que pour aider pour le coucher », ajoute l’infirmier auxiliaire.
En plus des soins qu’il octroie, M. Leblanc agit comme premier répondant dans la région. « Je voyais cela comme une autre occasion et une chance supplémentaire de m’intégrer à la communauté », renchérit-il.
« Maintenant, à mes retours de congés, je me sens comme si j'étais de retour à la maison ! »
Des partenaires inuits ayant reçu une formation qu’il a aussi suivie l’accompagnent lorsqu’il est de garde. Il répond ainsi aux appels d’urgence et peut procéder aux transferts de patients.
Emballé par cette expérience, Sylvain Leblanc se réjouit d’avoir brisé la routine dans sa vie professionnelle. « Mon expérience ici m’apporte tant de diversité, assure-t-il. La façon de travailler cadre dans mes valeurs. Ici on donne des soins plutôt que de les distribuer ! »
Selon les déclarations faites par les membres de l’Ordre en janvier 2019, un total de 53 infirmières et infirmiers auxiliaires oeuvrent dans le nord du Québec.