Intégration historique des infirmières auxiliaires aux soins intensifs
CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal
Depuis de nombreuses années, le plein champ d’exercice des infirmières auxiliaires est défendu sur tous les fronts. Le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal démontre la pleine mesure de ce dernier, par son projet porteur d’intégration des infirmières auxiliaires en soutien à l’équipe des soins intensifs des hôpitaux Maisonneuve-Rosemont (HMR) et Santa Cabrini et marque un tournant pour la profession.
par Annabelle Baillargeon, Directrice adjointe, Service des communications et des partenariats stratégiques |
Une réelle volonté d’optimiser des pratiques est à la source du projet initié par le CIUSSS de l’Est-del'Île-de-Montréal. Cumulant de nombreuses années d’expérience en tant que gestionnaire et conseillère cadre en soins critiques à la direction des services professionnels, Martine Cloutier favorise l’exploitation maximale du champ d’exercice de l’infirmière auxiliaire dans tous les secteurs de pratique, incluant les non traditionnels. (Sur la photo : Martine Cloutier, Nikolay Nedev, Patrick Tessier, Laetitia Royer et Myriam Élie)
« Déjà en 2003, nous avions tenté de lancer l’intégration aux soins intensifs, indique-t-elle, mais le réseau n’était pas prêt à investir dans une approche d’optimisation du rôle de l’infirmière auxiliaire à ce moment. Aujourd’hui, la pénurie de main-d’œuvre a certes fait évoluer les mentalités et les pratiques ainsi que la perception du bon professionnel au bon endroit, mais l’intégration ne s’arrête pas là. Elle passe surtout par la volonté d’assurer un soutien et une pleine collaboration interdisciplinaire aux soins intensifs. Il est là le réel facteur de succès du projet. »
À l’époque, un grand travail avait été mis en place pour optimiser l’utilisation du champ d’exercice de l’infirmière auxiliaire pour ainsi en faciliter
l’intégration à l’urgence. Cette dernière s’est avérée profitable pour le projet aux soins intensifs, implantant déjà certaines balises.
(Crédit photo : Denis Germain)
L’affaire de tous
Si le projet est aujourd’hui un franc succès, c’est grâce à la collaboration qui y a régné. Laetitia Royer, conseillère cadre en soins infirmiers – soins critiques et médecine spécialisée à la direction des soins infirmiers et Mme Cloutier ont opté pour une vision humaniste et innovante développée en dialogue avec les équipes de soins : celle de créer des postes d’infirmières auxiliaires en rôle de soutien aux soins intensifs.
« Nous avons pris le temps d’expliquer le projet à toutes les parties prenantes, de mettre de l’avant la sécurité dans l’exploitation du champ d’exercice des infirmières auxiliaires et de bien le faire comprendre au personnel parce qu’il était alors méconnu, précise Mme Royer.
On a travaillé fort pour faire une intégration participative et nous avons eu la chance d’avoir des leaders positifs. Vu l’expérience antérieure de certaines infirmières, infirmières auxiliaires et intensivistes à l’urgence, l’équipe connaissait déjà globalement le potentiel des infirmières auxiliaires. C’est certain que ça a aidé pour répondre aux questions ». Il s’agit là de la clé du succès de l’initiative.
Avec un réel souci de voir la collaboration interprofessionnelle s’opérer, l’équipe-conseil a choisi de procéder à une formation collaborative avec les infirmières. Si certains cours sont dédiés uniquement aux infirmières auxiliaires, la formation est ainsi faite pour les deux types de professionnelles afin que les rôles de chacune soient bien compris.
*Crédit photo : Denis Germain
Solides fondations
« Grâce à l’autorisation de créer des postes officiels pour le projet, nous avons pu favoriser une formation participative, mais aussi responsabiliser l’équipe sur la réussite du projet. Étant titulaire des postes, les infirmières auxiliaires ont démontré la plus-value de leur présence dans une équipes de soins critiques », précise Mme Cloutier.
Bien que le projet soit le même d’un hôpital à l’autre au sein du CIUSSS, l’application diffère. L’infirmière auxiliaire à HMR est attitrée à l’équipe complète de soins tandis qu’à l’hôpital Santa Cabrini, la présence d’une section de trois lits de soins intermédiaires permet une prise en charge en dyade avec l’assistante infirmière chef ou une infirmière. C’est d’abord et avant tout l’assistante des soins intensifs qui détermine où les différents professionnels sont attitrés.
Des bénéfices pour la qualité des soins
Depuis leur intégration dans les équipes, Mmes Royer et Cloutier remarquent des bénéfices réels sur l’efficience des équipes. Le tout se traduit par une meilleure qualité et une meilleure sécurité des soins.
« Leur présence en rôle de soutien à l'équipe a permis d’améliorer la qualité et même d’assurer une meilleure sécurité des soins à la clientèle des soins intensifs. Le champ d’exercice est vaste et étendu, allant même jusqu’à la thérapie intraveineuse », avance Mme Cloutier.
« Elles sont excellentes et capables de faire de bons liens. Il y a une grande fierté de pouvoir voir son rôle pleinement joué et tout ce qu’elles peuvent faire », renchérit sa collègue.
L’équipe désire poursuivre le développement pour maximiser le plein potentiel de l’ensemble de l’équipe de soins. L’intégration de l’infirmière auxiliaire en hémodynamie en est la preuve et le CIUSSS souhaite poursuivre en ce sens.
À écouter mesdames Cloutier et Royer, l’avenir de la profession est prometteur. Avec des alliées comme elles, on peut espérer qu’elles inspireront l’ensemble des équipes de soins à optimiser le plein champ d’exercice des infirmières auxiliaires, au grand bénéfice des personnes soignées !