Hausse de l’affluence chez Héma-québec
Sortir plus fort de la pandémie
Le 16 mars dernier, lors de son point de presse quotidien, François Legault invitait la population à aller donner du sang. Ce message a eu un effet instantané et Héma-Québec a noté un achalandage accru quelques heures à peine après l’annonce du Premier ministre. Retour sur ces mois historiques où l’organisme et ses infirmières auxiliaires ont dû faire preuve d’agilité.
par Annabelle Baillargeon, Directrice adjointe, Service des communications et des partenariats stratégiques |
« En situation de crise, la population a souvent comme réflexe de vouloir poser des gestes concrets pour aider. Le don de sang en fait partie ; c’est une façon d’avoir une emprise réelle. Il est clair que l’appel du Premier ministre a été entendu, l’impact a été immédiat et l’affluence a été marquée à travers l’ensemble de la province », raconte le porte-parole d’Héma-Québec, Laurent-Paul Ménard.
Isabelle Rabusseau est directrice des services infirmiers pour Héma-Québec. La journée du 16 mars, elle travaillait dans une collecte en Beauce. « Ça l’a eu l’effet d’un tsunami ! Au moment où le point de presse s’est terminé, les gens avaient déjà commencé à affluer », se remémore-t-elle.
Cette demande soudaine a occasionné davantage de gestion pour le personnel de l’organisme, qui a dû travailler d’arrache-pied pour assurer le bon déroulement de ses activités, tout en assurant la mise en application des différentes mesures de protection afin de limiter la propagation du virus.
« Les infirmières auxiliaires ont été excellentes, assure Mme Rabusseau. Elles ont usé de leur service à la clientèle, puisque malgré l’attente, très peu de donneurs ont rebroussé chemin. Il faut savoir que la pandémie n’a pas entraîné d’assouplissements organisationnels de notre côté. Nous sommes un organisme règlementé et le travail doit se faire avec la même rigueur. »
Savoir se réinventer
L’infirmière auxiliaire Sophie Brisebois-Vaillancourt a travaillé dans plusieurs secteurs d’activités avant de devenir agente de collecte de don de sang en collecte mobile et en centre Globule. Forte de ses expériences en centre d’hébergement de soins de longue durée, sur les équipes volantes en milieu hospitalier, elle s’est lancée un nouveau défi au début du mois de janvier en se joignant à l’équipe d’Héma-Québec.
« Ça fait changement que de côtoyer la maladie. Ici, les gens sont contents d’y être, ils viennent donner et posent des gestes généreux », souligne-t-elle.
En peu de temps, l’infirmière auxiliaire aura eu l’occasion de découvrir son nouveau milieu de travail, au coeur même de la pandémie.
« Une période d’adaptation a été nécessaire, ça débordait de partout, mais nous étions contents. Nous n’étions pas inquiets que la banque de sang manque », se remémore-t-elle.
Bien que l’arrêt des chirurgies ait entraîné un ralentissement de la demande pour les produits biologiques, Héma-Québec calcule tout de même que près de 70 % de ces derniers demeuraient nécessaires. « Cette situation aurait pu être problématique si les donneurs avaient déserté les collectes en temps de pandémie », met en garde Laurent-Paul Ménard.
(Photo : l'infirmière auxiliaire Sophie Brisebois-Vaillancourt)
Précautions nécessaires
Afin de mieux gérer la participation des donneurs, Héma-Québec a mis en place un système de rendez-vous pour faciliter le processus. Le personnel a ainsi pu se concentrer sur les différentes mesures de protection et l’enseignement à effectuer auprès de ses donneurs.
Dès le mois de mars, l’organisme avait imposé le port du masque obligatoire pour protéger le personnel et les donneurs. Les infirmières auxiliaires ont ainsi eu à expliquer les bonnes pratiques entourant cette mesure, ainsi que différentes consignes au sujet de la désinfection par exemple. « Les opérations ont été revisitées et revues pour composer avec le contexte pandémique. Les dons de produits biologiques sont périssables, nous n’avions pas la capacité de mettre sur pause nos activités. Le maintien de nos opérations était un réel enjeu », contextualise le porte-parole d’Héma-Québec.
Comme le précise Mme Rabusseau, le personnel a dû revoir les entrevues de sélection pour statuer sur l’admissibilité des donneurs en fonction des critères établis par la direction médicale. De plus, la vérification de la température des personnes a été ajoutée au processus.
En pleine situation de crise, Héma-Québec a d’ailleurs misé sur la communication pour traverser plus aisément cette période. L’organisme a tenu à informer son personnel régulièrement afin que chacun soit à l’affût des plus récentes nouvelles et des changements de toutes sortes. « Ces lectures nous aidaient aussi à rassurer les donneurs qui pouvaient avoir certaines inquiétudes », remarque Mme Brisebois-Vaillancourt.
DES DONS POUR FAIRE AVANCER LA RECHERCHE
Avec la pandémie, des études cliniques ont été menées avec la collaboration d’Héma-Québec. Le personnel de l’organisme a ainsi été amené à prendre part activement à la crise dans laquelle le Québec était plongé.
« Les infirmières auxiliaires ont pu participer à travailler directement dans le sujet. On sentait que l’apport était encore plus important », précise la directrice des services infirmiers d’Héma-Québec, Isabelle Rabusseau. Au cours des derniers mois, l’organisme a collaboré aux études de séroprévalence commandées par le ministère de la Santé et des Services sociaux. De cette manière, Héma-Québec a analysé les échantillons sanguins de milliers de Québécois afin de détecter la présence d’anticorps liés au coronavirus à l’origine de la pandémie de la COVID-19. L’étude permettait également de préciser la proportion de la population ayant été infectée. Programme d’immunisation passive par plasma De plus, l’organisme s’est joint à un regroupement de scientifiques du Québec dans la recherche d’un moyen de guérir les personnes atteintes de la maladie par le biais d’un programme d’immunisation passive par plasma. « L’immunisation passive consiste à transfuser le plasma de patients guéris de la COVID-19 à des patients en début de maladie pour leur transférer les anticorps protecteurs », décrit Héma-Québec par communiqué. Une collecte de plasma convalescent a ainsi été déployée afin de développer un programme d’immunisation passive visant à traiter les patients hospitalisés pour la COVID-19. « L’avantage de l’immunisation passive, c’est que le médicament n’a pas à être développé en laboratoire. C’est le corps du donneur qui le fabrique naturellement, sur mesure contre le nouveau virus. Toutefois, comme tout nouveau médicament, il faut valider l’efficacité à partir d’essais cliniques multicentriques. Le défi c’est de monter de façon urgente l’infrastructure pour collecter les plasmas et pour réaliser l’essai clinique », a déclaré le docteur Philippe Bégin, clinicien-chercheur au CHUSJ, chercheur associé au CRCHUM et professeur à l’Université de Montréal. Le traitement est étudié dans le cadre d’un essai clinique qui comprend une cinquantaine de centres au Canada dont une quinzaine au Québec. |
La force de l’équipe
Si les équipes se réjouissent aujourd’hui d’être parvenues à traverser cette période de pointe, elles attribuent ce succès à la collaboration.
« C’est un travail d’équipe à tous les niveaux. Les infirmières auxiliaires ont été, comme toujours, des partenaires et se sont mobilisées. C’est tout à leur honneur puisque cela nous a permis d’être en mesure de passer à travers la première vague », félicite M. Ménard.
Selon Sophie Brisebois-Vaillancourt, le travail d’équipe est incontournable dans l’exercice de ses fonctions. « Nous formons un tout. Je participe au processus du don au cours duquel nous avons besoin de tous, notamment l’infirmière auxiliaire et l’assistant technique de collecte. Grâce au donneur, j’ai la chance de contribuer à sauver des vies. Les professionnelles, les bénévoles et les donneurs y sont essentiels », renchérit l’infirmière auxiliaire.